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amicale 27 et 67°BCA
30 septembre 2006

GLIERES DISCOURS D'ANDRE MALRAUX 2 septembre 1973

2 septembre 1973, discours prononcé au Plateau des Gliéres pour l'inauguration du monument commémoratif de Gilioli en souvenir du maquis des Glières, Haute Savoie


Discours d'André Malraux

Prononcé le 2 septembre 1973 à l'occasion de l'inauguration du Monument de la Résistance érigé par le sculpteur Gilioli sur le Plateau des Glières.

Je parle au nom des Associations des Résistants de Haute-Savoie et de l'Ordre de la Libération. En mémoire du général de Gaulle, pour les survivants et pour les enfants des morts.
Lorsque Tom Morel eut été tué, le maquis des Glières exterminé ou dispersé, il se fit un grand silence. Les premiers maquisards français étaient tombés pour avoir combattu face à face les divisions allemandes avec leurs mains presque nues, non plus dans nos combats de la nuit, mais dans la clarté terrible de la neige. Et à travers ce silence, tous ceux qui nous aimaient encore, depuis le Canada jusqu'à l'Amérique latine, depuis la Grèce et l'Iran jusqu'aux îles du Pacifique, reconnurent que la France bâillonnée avait au moins retrouvé l'une de ses voix, puisqu'elle avait retrouvé la voix de la mort.
L'histoire des Glières est une grande et simple histoire, et je la raconterai simplement. Pourtant, il faut que ceux qui n'étaient pas nés alors - et depuis, combien de millions d'enfants ! - sachent qu'elle n'est pas d'abord une histoire de combats. Le premier écho des Glières ne fut pas celui des explosions. Si tant des nôtres l'entendirent sur les ondes brouillées, c'est qu'ils y retrouvèrent l'un des plus vieux langages des hommes, celui de la volonté, du sacrifice du sang.

Peu importe ce que fut dans la Grèce antique, militairement, le combat des Thermopyles. Mais dans ses trois cents sacrifiés, la Grèce avait retrouvé son âme, et, pendant des siècles, la phrase la plus célèbre fut l'inscription des montagnes retournées à la solitude, et qui ressemblent à celles-ci « Passant, va dire à la cité de Sparte que ceux qui sont tombés ici sont morts selon la loi ».
Passant, va dire à la France que ceux qui sont tombés ici sont morts selon son cœur. Comme tous nos volontaires depuis Bir-Hakeim jusqu'à Colmar, comme tous les combattants de la France en armes et de la France en bâillons, nos camarades vous parlent par leur première défaite comme par leur dernière victoire, parce qu'ils ont été vos témoins.
On ne sait plus guère, aujourd'hui, que tout commença par un mystère de légende. Le plateau des Glières était peu connu; presque inaccessible, et c'est pourquoi les maquis l'avaient choisi.
Mais alors que nous combattions par la guérilla, ce maquis, à tort ou à raison - peut importe: la France ne choisit pas entre ses morts ! - avait affronté directement la Milice, allait affronter directement l'armée hitlérienne. Presque chaque jour, les radios de Londres diffusaient : " Trois pays résistent en Europe : la Grèce, la Yougoslavie, la Haute-Savoie. "La Haute-Savoie, c'était les Glières.
Pour les multitudes éparses qui entendaient les voix du monde libre, ce plateau misérable existait à l'égal des Balkans. Pour des fermiers canadiens au fond des neiges, la France retrouvait quelques minutes d'existence parce qu'un Savoyard de plus avait atteint les Glières.
La Milice de Darnand, les troupes italiennes, la police de l'Ovra, n'avaient pas suffi pour venir à bout de ces combattants toujours regroupés. Hitler y mit la Gestapo, et contre nous, la Gestapo pesait lourd. La Gestapo ne suffit pas.
En janvier 44, les maquis de l'Ain sont harcelés par trois divisions. Ceux de Haute-Savoie reçoivent l'ordre de se regrouper ici, au commandement du lieutenant Tom Morel, décoré en 40 pour l'un des plus éclatants faits d'armes des unités alpines. La montée commence. Les accrochages aussi. Le 13 février, les messages codés de la BBC annoncent le premier parachutage.
Voici la nuit. Le champ - pauvre champ - est éclairé par cinq torches électriques et des lampes de poche. On n'entend pas les avions. On n'entend rien. Jusqu'à ce que les sirènes antiaériennes d'Annecy emplissent lentement la nuit. Bon augure : les avions approchent. Mauvais augure : ils sont repérés. On allume les quatre énormes bûchers de sapin préparés. Le bruit des moteurs. Le premier avion, invisible, fait clignoter son signal. Le bruit s'éloigne. La neige, le flux et le reflux des sirènes dans la nuit préhistorique. Pas encore d'ennemis, plus d'amis. Mais sur le ciel noir, apparaissent un à un, éclairés en roux par les feux du sol, cinquante-quatre parachutes.
Pas d'armes lourdes.

Tant pis. Les accrochages reprennent. Le 9 mars, cent hommes des Glières vont attaquer Entremont pour délivrer des prisonniers. Après deux heures et demie de descente, ils atteignent le village qu'alertent les chiens. Village conquis, prisonniers délivrés, 47 gardes, prisonniers à leur tour, montent ici, tirant un monceau d'armement. Tirant aussi le corps de Tom Morel, tué par le commandant des gardes capturé, à qui il avait laissé son revolver.
Le maquis enterre son chef. Et entend, bouleversé, le glas de toutes les églises monter de la vallée comme montait l'appel des sirènes pendant le parachutage. Ici, le drapeau claque dans les rafales de neige, sur ce que Tom Morel appelait «le premier coin de France qui ait recouvré la liberté ».
Le mot " Non ", fermement opposé à la force, possède une puissance mystérieuse qui vient du fond des siècles. Toutes les plus hautes figures spirituelles de l'humanité ont dit Non à César. Prométhée règne sur la tragédie et sur notre mémoire pour avoir dit Non aux Dieux. La Résistance n'échappait à l'éparpillement qu'en gravitant autour du Non du 18 juin. Les ombres inconnues qui se bousculaient aux Glières dans une nuit de Jugement dernier n'étaient rien de plus que les hommes du Non, mais ce Non du maquisard obscur collé à la terre pour sa première nuit de mort suffit à faire de ce pauvre gars, le compagnon de Jeanne et d'Antigone... L'esclave dit toujours oui.
Les gardes de Vichy attaquent au Sud, du côté de Notre-Dame, pour délivrer les leurs, et sont repoussés. Le combat s'achève à peine lorsque la BBC transmet le message : " Le petit homme casse des tessons de bouteille. " Avant minuit, trente quadrimoteurs larguent 90 tonnes de matériel.
Quand un avion allemand vient en reconnaissance, la vaste neige est encore constellée de parachutes multicolores : le ramassage n'est pas terminé. Le lendemain, trois Heinkel bombardent et mitraillent à loisir le plateau redevenu innocent. Sans grands résultats. Sauf celui-ci : les Allemands savent désormais que le maquis ne possède pas d'armes antiaériennes. Donc cinq jours plus tard, Stukas et Junkers. Chalets transformés en torches. Le capitaine Anjot remplace Tom Morel au commandement des Glières. Nouvelle attaque des gardes, de nouveau repoussée. Le 23, bombardement massif. Les Allemands prennent le commandement. Une division alpine de la Wehrmacht arrive à Annecy.
Assistée de deux escadrilles de chasseurs et de bombardiers. Police allemande, Milice vichyste. L'artillerie divisionnaire, les automitrailleuses.
En face, le maquis dont nous attendons, heure après heure, que la radio de Londres nous parle. Entre tant de Français à l'écoute, pas un ne sait que ce maquis est un fantôme. Moins de cinq cents combattants.
L'armement qui attend leurs compagnons ne comprend que des armes légères. Contre l'artillerie divisionnaire allemande et les automitrailleuses, par un canon, pas un bazooka. Plus de ravitaillement.
Autour, vingt mille hommes.

Le premier grand combat du Peuple de la Nuit s'engage. Écoutons les dépêches allemandes :
" Le 24 - Terroristes font sauter train renforts allemands devant Annecy - Attaque Milice au-dessus d'Entremont. Sentinelles espagnoles tuées - Rejointes par groupes terroristes - Milice engagée deux heures stop - Troupes Milice regroupées à l'arrière. "
" Le 25 - Préparation artillerie et bombardement aviation. "
" Le 26 - Attaque Milice ouest et nord-ouest. Troupes regroupées - Attaque allemande nord stoppée, envoyez aviation - Nos mortiers mis en place - Attaque Milice et garde de réserve deux points ouest depuis cinq heures - Attaque générale 11 heures. "
Ils attaquent, en effet, de tous côtés.

L'avant-poste de la passe d'Entremont - dix-huit hommes - est attaqué par deux bataillons. Deux sections de renfort atteignent la passe. Le premier fusil-mitrailleur s'enraye. Le second est détruit, son servant tué. L'un des deux chefs de section, Baratier, a l'impression d'être seul à tirer: il ignore qu'il survit seul. Il se replie en continuant à combattre, est pris à revers et tué. Il défendait la passe depuis une heure et demie.
Les maquisards, qui se rabattent vers le centre, reçoivent plus vite les munitions, et tiennent. Pourquoi l'ennemi s'enfouit-il dans la neige ? Dix minutes plus tard, commencent les piqués ininterrompus des Stukas, serrés comme des fers de herse. La nuit va descendre. Le capitaine Anjot combat devant les tombes de Morel et de Descours. L'aviation s'en va, remplacée par le pilonnage méticuleux de l'artillerie. Il fait nuit.
Le 27 au matin, les troupes allemandes de l'est touchent le poste de commandement du maquis, commencent le feu. En face, des cris allemands, poussés par leurs camarades de l'ouest.
Les maquisards ont disparu.

Ils connaissaient bien ce terrain, que les Allemands ne connaissaient pas du tout. Anjot a convoqué les chefs de section, et ils ont décidé de décrocher.
Pendant que toute la Résistance, à l'écoute, attend le pire (chacun sait maintenant que les Glières n'ont ni canons ni avions), des chaînes de fantômes qui se tiennent par la main dans la nuit pour pouvoir relever leurs blessés lorsqu'ils tombent, traversent l'anneau discontinu des troupes d'assaut. Encore leur faut-il arriver jusqu'aux agglomérations de la vallée, où leurs camarades que l'on appelle les sédentaires leur donneront asile.
Le jour se lève.

Alors, commence la grande trahison de la neige.

Ces insaisissables fantômes dont les Allemands ne rencontraient que les balles et ne trouvaient que les cadavres, sont partis avec la nuit." La petite aube dissipe les spectres ", dit le proverbe espagnol qu'un des miliciens de l'Ebre cite au capitaine Anjot. Ces ombres, hélas ! sont devenues des traces. Les Allemands cherchent le gros du maquis réfugié dans quelque abri de montagne, car ils croient combattre quelques milliers d'adversaires. Mais nombreuses ou non, les traces mènent aux hommes, et les sections ennemies occupent les pentes. Le lendemain, le capitaine Anjot et les six Espagnols qui combattent avec lui sont tués. De ce qui fut l'épopée des ombres, il ne restera le jour venu que 121 cadavres tués entre les villages, exécutés sur les places ou torturés à mort. " Inutile de reprendre l'interrogatoire des blessés, télégraphie la Gestapo: ces débris sont vides. "

C'est l'heure des représailles. Les paysans suspects de contacts avec le maquis sont exécutés ou déportés, et l'on reconnaît les hameaux, la nuit, aux torches des chalets qui flambent.
Pourtant, si les torturés sont vides, la Résistance ne l'est pas encore. Le premier chef est mort, le second chef est mort; les rescapés organisent d'autres maquis, rejoints par des jeunes de plus en plus nombreux. Le gros des unités allemandes est appelé en Normandie. Le 1er mai, les maquis les plus .proches reviennent manœuvrer sur ce plateau où ils retrouvent les cylindres couverts de rouille des parachutages, entre les chalets incendiés. Le 14 juillet, ils défilent à travers Thônes. Le ler août, les camions ont rassemblé 1 500 hommes de l'armée secrète et 400 FTP. A onze heures, les forteresses volantes lâchent le dernier parachutage, qui apporte enfin les armes lourdes.
Fini, le temps des maquis de misère ! Un char qui se dresse est certes une terrible bête ; mais pour lui, un bazooka invisible est un monstre caché. C'est le bazooka, non la mitraillette, qui a fait des vrais maquis une force supplétive considérable. Un char est plus fort qu'une compagnie de mitraillettes, il n'est pas plus fort qu'une torpille.
Le 13, pendant trois jours, les automitrailleuses ennemies combattent les maquis, et sautent. Le 19, lorsque la radio annonce que l'insurrection générale commence à Paris, cinq mois jour pour jour après l'attaque des Glières, le général Oberg, qui la commandait, apporte au capitaine Nizier, chef militaire de la Résistance, la capitulation de ses troupes.
Alors, dans tous les bagnes depuis la Forêt-Noire jusqu'à la Baltique, vos déportés qui survivaient encore se levèrent sur leurs jambes flageolantes. Et le peuple de ceux dont la technique concentrationnaire avait tenté de faire des esclaves parce qu'ils avaient été parfois des héros, le peuple dérisoire des tondus et des rayés, notre peuple ! pas encore délivré, encore en face de la mort, ressentit que même s'il ne devait jamais revoir la France, il mourrait. avec une âme de vainqueur.
Et maintenant, le grand oiseau blanc de Gilioli a planté ses serres ici. Avec son aile d'espoir, son aile amputée de combat, et entre elles, son soleil levant. Avec son lieu de recueillement, sa statue dont les bras dressés sont pourtant des bras offerts. Avec ses voix entrecroisées, qui feront penser à l'interrogation des tombeaux égyptiens : Que disent les voix de l'autre monde, avec leur bruit d'abeilles... Elles disent:
«Nous sommes les torturés agonisants, dont la Gestapo disait qu'il était inutile de les lui envoyer puisqu'ils étaient vides.
Les Espagnols tombés ici en se souvenant des champs de l'Ebre et du jour où la Révolution vida les monts-de-piété de tout ce. que les pauvres y avaient engagé.
Les Français qui avaient rejoint après avoir combattu, eux, dans la ligne Maginot jusqu'au dernier jour.
Les gens des villages sans lesquels le maquis n'aurait pu ni se former ni se reformer; ceux qui ont sonné le glas pour lui ; ceux que les hitlériens ont déportés, ceux qu'ils ont fait courir pour rigoler, pendant la répression, devant leurs mitrailleuses qui les descendirent tous.
Peu importent nos noms, que nul ne saura jamais. Ici, nous nous appelions la France. Et quand nous étions Espagnols, nous nous appelions l'Ebre, du nom de cette dernière bataille.
Je suis la mercière fusillée pour avoir donné asile à l'un des nôtres.
La fermière dont le fils n'est pas revenu.

Nous sommes les femmes, qui ont toujours porté la vie, même lorsqu'elle risquaient la leur.
Nous sommes les vieilles qui vous indiquaient la bonne route aux croisées des chemins, et la mauvaise, à l'ennemi. Comme nous le faisons depuis des siècles.
Nous sommes celles qui vous apportaient un peu à manger; nous n'en avions pas beaucoup.
Comme depuis des siècles.

Nous ne pouvions pas faire grand-chose ; mais nous en avons fait assez pour être les Vieilles des camps d'extermination, celles dont on rasait les cheveux blancs.
Jeanne d'Arc ou pas, Vierge Marie ou pas, moi, la statue dans l'ombre au fond du monument, je suis la plus vieille des femmes qui ne sont pas revenues de Ravensbrück.
Morel, Anjot et tous mes morts du cimetière d'en bas, c'est à moi que viendront ceux qui ne connaîtront pas votre cimetière. Ils sauront mal ce qu'ils veulent dire lorsqu'ils chuchotent seulement qu'ils vous aiment bien.
Moi, je le sais, parce que la mort connaît le murmure des siècles. Il y a longtemps qu'elle voit ensevelir les tués et les vieilles. Il y a longtemps, Anjot, qu'elle entend les oiseaux sur l'agonie des combattants de la forêt; ils chantaient sur les corps des soldats de l'an II. Il y a longtemps qu'elle voit les longues files noires comme celle qui a suivi ton corps, Morel, dans la grande indifférence de l'hiver. Depuis la fonte des glaces, vous autres dont les noms sont perdus, elle voit s'effacer les traces des pas dans la neige, celles qui ont fait tuer. Elle sait ce que disent aux morts ceux qui ne leur parlent qu'avec les prières de leur mère, et ceux qui ne disent rien. Elle sait qu'ils entendront le glas que toutes les églises des vallées ont sonné un jour pour vous, et qui sonne maintenant dans l'éternité.

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Commentaires
F
Bonjour,<br /> <br /> Il manque la fin du discours.<br /> <br /> "Souvenez vous de nous qui étions des Glières. Sans rien dire, ils penseront : Bonne nuit, dormez bien. Dormez sous la garde que monte autour de vous la solennité de ces montagnes. Elles ne se soucient guère des hommes qui passent. Mais à ceux qui vivront ici, vous aurez enseigné que toute leur solennité ne prévôt pas sur le plus humble sang versé quand il est un sang fraternel. Alors, vous viendrez vers moi, ceux des Glières et dans la nuit sans retour, les mains suppliciées de celui d'entre vous qui mis le plus de temps à mourir, caresserons sur ma tête rasée, la trace de mes cheveux blancs"<br /> <br /> Je pense que c'est important....<br /> <br /> Merci pour cette page
J
Rassemblement sur le plateau des Glières dimanche 13 mai 2007 pour dire : NON M. Sarkozy les combattants des Glières ne sont pas récupérables. Il se trouve que je suis la fille d'un homme ayant appartenu au 27è BCA (en 1939), fait prisonnier en 1940, déporté dans divers camps de concentration, notamment Ravaruska, il est mort à l'âge de 56 ans des suites des séquelles vécues dans ces camps. Il m'est insupportable de constater que M. Sarkozy récupère ce symbole historique que sont les Glières au service de son ambition personnelle, dans une mise en scène détestable à qques heures du scrutin. Cruel rappel : la venue de M. Le Pen en novembre 1997 avec intention de 'se recueillir' au cimetière de Morette ! Interdit de séjour à ce moment là par le préfet, sous la pression des mouvements politiques divers et surtout le CLIC (Collectif de liaison et d'initiatives contre le racisme, la xénophobie et le FASCISME). Jean Moulin et bien d'autres doivent se retourner dans leurs tombes à la pensée qu'un homme comme SARKOZY puisse récupérer la lutte d'hommes contre le fascisme, jusqu'à entraîner leur mort.<br /> Merci de diffuser amplement ce rendez-vous de dimanche 13 mai 2007 à midi aux glières.<br /> Avec mes meilleures salutations,<br /> Jacqueline Grivel (née de Rooÿ)<br /> 74420 Boëge
G
Cérémonie du 60ème anniversaire des combats des Glières <br /> <br /> <br /> <br /> Texte<br /> <br /> Discours du Ministre de la Défense à l’occasion de la Cérémonie du 60ème anniversaire des combats des Glières.<br /> <br /> Monsieur le Ministre,<br /> Monsieur le préfet,<br /> Messieurs les parlementaires,<br /> Madame la vice-présidente du conseil régional,<br /> Monsieur le président du conseil général,<br /> Messieurs les maires,<br /> Messieurs les consuls,<br /> Messieurs les généraux,<br /> Messieurs les présidents d’association,<br /> Mesdames et Messieurs, <br /> <br /> 27 mars 1944 : le plateau des Glières subit sa dernière et sanglante attaque. <br /> Dans la nuit, un groupe de vingt-cinq maquisards progresse péniblement dans la montagne.<br /> <br /> Pris dans une embuscade par une position allemande, ils tombent.<br /> Ils tombent, tous, ou presque, puisque sept d’entre eux survivront. <br /> Ils tombent, comme des centaines avant eux, qui ont sacrifié leur vie pour défendre le plateau.<br /> <br /> L’occupant ordonne alors à la ville de Thônes d’enfouir leurs corps dans une fosse commune.<br /> La population passe outre cet ordre, et donne aux morts tombés aux Glières une sépulture digne de ses soldats et de leur sacrifice.<br /> <br /> La nécropole de Morette est née sur ces vies trop vite fauchées.<br /> <br /> L’esprit des Glières y a pris corps.<br /> <br /> Aujourd’hui, soixante ans plus tard, nous voici rassemblés pour saluer la mémoire des combattants qui y reposent.<br /> <br /> Je suis fière et émue d’être parmi vous pour commémorer ce 60ème anniversaire des Glières.<br /> <br /> Les valeurs exemplaires que représentent ces combattants, nous sommes réunis pour les faire vivre, pour les partager.<br /> <br /> A l’Association des Glières, et plus particulièrement son président Jacques Golliet et son vice-président Alphonse Metral, je veux dire ma reconnaissance pour cette première des nombreuses cérémonies qui jalonneront l’année 2004.<br /> <br /> En cette date anniversaire, je veux exprimer aux familles, aux amis de ceux qui sont tombés il y a soixante ans, la solidarité et l’admiration de la France.<br /> <br /> Tombés pour rendre à leur pays la dignité et l’espoir, ces hommes nous donnent une formidable leçon de courage et de détermination.<br /> Une leçon qui traverse les frontières et le temps.<br /> Car les Glières, c’est bien plus qu’un fait d’armes.<br /> Les Glières c’est une histoire ; <br /> les Glières c’est l’Histoire.<br /> <br /> L’Histoire de la Nation qui se soude et se dresse dans l’adversité. <br /> L’Histoire des Français qui refusent, au prix de leur sang, l’humiliation et l’effacement de la France.<br /> Les Glières, c’est l’incarnation des valeurs les plus nobles.<br /> C’est un chemin pour les générations présentes et à venir.<br /> <br /> Les Glières, ce fut l’unité retrouvée dans une même volonté de renaissance.<br /> <br /> Dans cette bataille, la résistance française retrouvait son unité.<br /> <br /> Dans une nature peu clémente, retranchés à 1500m d’altitude, plus de 460 maquisards défièrent en mars 1944 les assauts des bataillons de la Wehrmacht.<br /> <br /> Ils venaient d’horizons variés.<br /> Ils ne partageaient pas les mêmes idées.<br /> Mais ils résistaient, unis, animés de la même volonté de combattre pour la liberté. <br /> <br /> Des détachements de l’Armée secrète, des sections des Francs Tireurs et Partisans, des maquisards espagnols, anciens soldats de l’armée républicaine : tous étaient venus se mettre sous les ordres du Lieutenant Tom MOREL, puis plus tard du Capitaine Maurice ANJOT.<br /> <br /> Tous, conduits par une même raison.<br /> Tous, animés d’une même flamme.<br /> <br /> Les Glières, ce fut aussi l’annonce de la renaissance de l’armée française sur le territoire national.<br /> <br /> Le 11 avril 1944, à la BBC, Maurice Schumann demandait : « Héros des Glières, quelle est votre plus belle victoire ? ». <br /> <br /> Donnant lui-même la réponse, il terminait : « D’avoir – déjà – ramené Bir-Hakeim en France ». <br /> <br /> Bir-Hakeim fut la première preuve de la résurrection de l’armée française à l’extérieur de la métropole.<br /> <br /> Glières fut celle de sa renaissance sur le territoire français.<br /> <br /> Une renaissance accompagnée de la solidarité multinationale.<br /> <br /> La contribution des Britanniques fut décisive.<br /> <br /> Pour fournir des armes aux maquis haut-savoyards, la Royal Air Force assura quarante-quatre largages sur le département.<br /> Les trois plus importants arrivèrent sur Glières. <br /> <br /> <br /> L’issue des premiers combats du plateau fut tragique. Mais ils changèrent la face des événements.<br /> Chacun d’eux marqua un pas de plus vers la libération de la France.<br /> <br /> Comme l’écrivait Romans-Petit : « Glières a été une défaite des armes, mais une victoire des âmes ».<br /> <br /> Les Glières, c’est la victoire des valeurs les plus nobles. <br /> C’est un exemple pour aujourd’hui.<br /> <br /> La devise adoptée à l’époque par les maquisards du plateau orne toujours le fanion du 27ème bataillon de chasseurs alpins, le « Bataillon des Glières ».<br /> <br /> « Vivre libre ou mourir » : c’est, en quelques mots, tout l’esprit qui animait la Résistance française.<br /> <br /> Dans les actes héroïques de ces lieux se lisent le patriotisme, la détermination, la fraternité, l’honneur. <br /> <br /> Pour retrouver la dignité bafouée de la France, les résistants se sont engagés, pour reprendre les mots d’André Malraux, « sur la voie de l’effort, du sacrifice et du sang ».<br /> <br /> La grandeur de ces valeurs donne aux combats des Glières un retentissement plus que jamais vivace.<br /> <br /> Les Glières, c’est un enseignement qui perdure à travers les générations et les frontières.<br /> <br /> La commémoration des combats des Glières ne peut se limiter à l’évocation émue d’un souvenir de notre histoire. <br /> <br /> La mémoire de la France doit vivre au présent.<br /> <br /> La résistance, jaillie de la douleur et de l’espérance, doit nous inspirer.<br /> <br /> Nous devons y puiser la fierté et la confiance, pour aujourd’hui et demain.<br /> <br /> Les résistants du plateau étaient unis dans un même idéal malgré leurs différences.<br /> <br /> C’est un modèle d’harmonie. Ce doit être le visage de la France.<br /> <br /> La réconciliation a succédé aux combats. <br /> L’Europe a tiré les leçons du passé.<br /> Elle est plus unie que jamais dans un élan commun.<br /> <br /> Cette année, les cérémonies de la Libération associeront Français, Allemands, Britanniques, Américains et d’autres pays amis.<br /> Il est du devoir de l’Europe de transmettre ce message d’espoir aux nations qui se déchirent encore aujourd’hui.<br /> <br /> *<br /> *** <br /> <br /> La bataille des Glières est le premier combat d’envergure de la résistance intérieure.<br /> <br /> C’est aussi un événement d’une immense portée symbolique. <br /> <br /> Le Général de Gaulle présageait dès le 5 novembre 1944 à Thônes, non loin d’ici, que les morts du Plateau des Glières resteraient comme « un témoignage splendide jeté à travers le monde de la résolution de la France dans la plus terrible guerre de son histoire ».<br /> Vous, les rescapés des Glières,<br /> Vous, qui faites vivre la mémoire des hommes et des femmes qui ont versé leur sang pour notre liberté, vous avez déjà tant donné. <br /> <br /> Votre rôle doit perdurer.<br /> Nous avons besoin de vous.<br /> La France a besoin de vous.<br /> La France a besoin de l’exemple que vous donnez. Celui du refus de tout déclin de la France et de ses valeurs. Celui de la volonté qui l’emporte sur le renoncement.<br /> <br /> J’ai grand espoir que la jeunesse de notre pays puise dans son histoire, dans votre histoire, pour faire face aux défis du siècle naissant.<br /> <br /> Au nom du Président de la République et en mon nom personnel, je vous redis toute la reconnaissance de la Nation.
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